En pleine période d’Halloween quoi de plus agréable qu’un petit voyage en famille au cœur du célèbre parc Zombillénium.
Venez profiter de ce très beau film d’animation aussi ambitieux que sympathique où grands et petits prendront plaisir à s’égarer. C’est en ce moment dans vos cinémas issoldunois.
Bienvenue dans un parc d’attractions construit sur une ancienne mine et peuplé de vrais monstres en tous genres — ce que les visiteurs ignorent. En adaptant, avec Alexis Ducord, sa propre BD en 3D (sans relief), Arthur de Pins reste fidèle à son univers graphique et à son sous-texte social (la lutte des classes). Mais il développe un nouveau thème qui touche juste : le ridicule effrayant de certaines modes vendues au consommateur par des capitalistes bien plus inhumains que des zombies.
Le patron à l’ancienne du parc reçoit l’injonction d’inventer « de la peur qui ne fait pas peur » et, en conséquence, de mettre à la casse les monstres au profit des vampires sexy et prétentieux qui scintillent, façon Twilight. D’où la meilleure scène, et la plus politique : mis à la retraite de force par les actionnaires, le directeur paternaliste descend dignement aux Enfers, tandis que tous ses employés, solidaires, entonnent une version des Corons, de Pierre Bachelet, revue et corrigée par Mat Bastard, l’ex-chanteur de Skip the Use…
Histoire d’agglomérer plusieurs tomes de BD, Arthur de Pins et Alexis Ducord ont créé un héros pour le film : Hector, un papa peu sympathique et très attaché à son travail. Il devra attendre de ressembler à Hellboy pour se rapprocher de sa petite fille, et pour trouver un nouvel amour en la personne d’une sorcière avec skate en guise de balai. Si ce canevas est un peu léger, il propose une sacrée vision de la famille recomposée : le père est un diable à cornes et la belle-mère sorcière vient chercher l’enfant à l’école. Un schéma rock pour un divertissement plein de bruit, de courses-poursuites et de blagues tendres sur la beauté des laids.
Guillemette Odicino – Télérama