Pour cette semaine du 27/09 au 03/10 nous mettons particulièrement à l’honneur Otto Preminger avec deux de ses chefs d’œuvre qui vous seront proposés, chacun incarnant à merveille l’un des grands genres du film américain.
Ainsi avec Laura nous vous offrons une plongée vertigineuse dans l’univers du polar hollywoodien alors que Carmen Jones s’inscrit pleinement dans l’univers de la comédie musicale américaine.
Bien entendu nous vous rappelons que ces films vous sont toujours proposés dans le cadre des Commémorations du Centenaire de l’Aérodrome américain d’Issoudun.
Laura de Otto Preminger
Si on peut parler de film mythique, c’est bien à propos de Laura. Résultat d’un genèse tumultueuse, fruit d’un rapport orageux (à la suite d’un conflit entre Otto Preminger et Daryl Zanuck, le film fut commencé par un autre cinéaste, Rouben Mamoulian, avant que Preminger ne puisse enfin prendre le contrôle du film et mener à bien un projet dont il avait été l’instigateur). Le résultat, génial, marque les véritable début de la carrière de Preminger, auparavant metteur en scène de théâtre et auteur de quelques films mineurs. Cette enquête policière sur l’assassinat raté d’une jeune et brillante publicitaire est à la fois un classique absolu du film noir et le chef-d’œuvre inaugural d’une série d’études psychologiques centrées autour d’un personnage féminin fascinant, qui empruntent souvent la forme du film policier (Crime passionnel, Un si doux visage) mais aussi du mélodrame historique (Ambre), où Preminger perfectionne son art de la mise en scène, constitué de longs plans, de savants mouvements de grue et d’une direction d’acteurs (et plus encore d’actrices) virtuose.
Otto Preminger est l’exemple même du cinéaste pour cinéphiles, celui dont les titres des films – ou plutôt de leurs souvenirs, plus ou moins lointains, plus ou moins exacts, se murmurent entre deux séances des cinémathèques. Certains de ses films ont acquis une célébrité immortelle – Laura en tête, grâce à la mythologie du film noir et la présence inoubliable de Gene Tierney. Laura occupe en effet une place particulière, voire essentielle, dans l’œuvre d’Otto Preminger. C’est un classique vénéneux du film noir, qui contient la plupart les ingrédients du genre et les transcende en évitant systématiquement les clichés : l’intrigue se déroule dans la haute société, Laura est l’antithèse de la femme fatale, le dialogue y est plus important que l’action, l’étude psychologique supplante l’enquête policière. Otto Preminger décida de faire commencer sa filmographie avec Laura, son sixième film, car c’est le premier sur lequel il pu exercer, au prix de nombreux combats, un contrôle artistique total. Laura est ainsi le point de départ d’une œuvre placée sous le signe de la maîtrise, mais aussi un film programmatique qui expose à la fois l’art de la mise en scène selon Preminger, sa conception de l’indépendance au sein du système hollywoodien et aussi les thèmes et les motifs centraux des films à venir. La réussite parfaite de Laura repose sur un art de l’équilibre et un génie de la composition plastique et narrative, qui englobe destins individuels et histoires de couples, violence et rétention, intelligence froide et émotion, scepticisme hautain et humanisme. Il y a déjà dans Laura la perfection de la mise en scène « invisible » de Preminger, sa lucidité sur les rapports entre les hommes et les femmes, son génie de la direction d’actrice (Gene Tierney n’a jamais été aussi sublime.) Il est impossible de ne pas faire le rapprochement entre Preminger et ses talents de Pygmalion et le personnage de Waldo Lydecker, double pervers du cinéaste, mais aussi son antithèse dans le rôle de l’intellectuel à la fois démiurgique et impuissant auquel échappe l’objet de sa passion.
Olivier Père
Comme tous les films proposés dans cette rétrospective, trois séances vous seront proposées cette semaine pour découvrir ou redécouvrir le film : le jeudi à 20h30, le dimanche à 17h et enfin le lundi à 14h30. Et pour n’avoir aucune excuse pour ne pas manquer ce beau moment de septième art nous vous proposons un tarif unique pour tous à 3€.
Carmen Jones de Otto Preminger
Synopsis
Critique du 20/12/2014 parue dans Télérama
En transposant la célèbre histoire de Carmen dans le milieu noir américain, Otto Preminger avait scandalisé les héritiers et les éditeurs de Georges Bizet, qui s’opposèrent à la diffusion du film en France. Présenté en clôture du festival de Cannes 1955, Carmen Jones ne sortira sur les écrans français qu’en 1981. Avec un Don José transformé en caporal américain et un Escamillo troquant sa muleta pour des gants de boxe, l’adaptation aurait pu sombrer dans le ridicule. Il n’en est rien : tout est crédible, vivant, dramatique. Naviguant avec plus ou moins de bonheur entre le lyrisme un peu désuet de l’oeuvre originale et le réalisme violent des rapports entre les personnages (tous noirs), le réalisateur ancre intelligemment cette histoire de passion, de jalousie et de mort dans la société américaine à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Les mains sur les hanches ou une rose entre les doigts, Dorothy Dandridge, fière et sculpturale, est d’une grande beauté. Sa voix éclatante trouve en Harry Belafonte un écho lumineux et grave. Et même si la mise en scène des morceaux chantés manque singulièrement d’imagination, Carmen Jones continue de dégager une évidente sensualité et une forte émotion.
Gérard Camy
Comme tous les films proposés dans cette rétrospective, trois séances vous seront proposées cette semaine pour découvrir ou redécouvrir le film : le jeudi à 20h30, le dimanche à 17h et enfin le lundi à 14h30. Et pour n’avoir aucune excuse pour ne pas manquer ce beau moment de septième art nous vous proposons un tarif unique pour tous à 3€.
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