Après « La nuit du chasseur » et « les raisins de la colère » nous poursuivons sur cette semaine du 20 au 26 septembre notre rétrospective cinéma américain avec trois nouvelles propositions et nous en profitons pour vous rappeler que ces films vous sont proposés dans le cadre des Commémorations du Centenaire de l’Aérodrome américain d’Issoudun.
Les proies
Le nouveau film de Sofia Coppola, remake d’un film de Don Siegel de 1971 porté par l’interprétation d’un jeune Clint Eastwood, arrive enfin sur nos écrans après sa présentation au dernier festival de Cannes.
Le propos de base reste inchangé : en pleine guerre de Sécession, dans le Sud profond, les pensionnaires d’un internat de jeunes filles recueillent un soldat blessé du camp adverse. Cependant la réalisatrice propose cette fois une vision plus féministe en recentrant les débats sur les occupantes du pensionnat et le regard qu’elles portent sur le soldat. Une belle réalisation, très pop comme à l’habitude de Sofia Coppola, le tout magnifié par un casting de luxe avec Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning et Collin Farrel entre autres gourmandises.
A noter que ce film restant dans l’actualité cinématographique du moment, il ne pourra pas vous être proposé au tarif unique de 3€ pour tous comme les autres films de répertoire que nous vous proposons par ailleurs
La flèche brisée
Situé en 1870 le film nous propose de suivre le parcours de Tom Jeffords, un pionnier qui s’efforce d’établir la paix avec les Apaches. Il rencontrera un acueil favorable de la part de Cochise et épouse la princesse Sonseearhay mais ce sera sans compter quelques indiens renégats et surtout les blancs hostiles aux Apaches.
Ce grand classique du western réalisé par Delmer Daves en 1950 et dont le rôle principal est attribué à James Stewart marque un tournant historique dans le genre. En effet c’est la toute première fois que les indiens sont présentés comme sympathiques et paisibles marquant ainsi la fin du mythe manichéen du cow boy et des indiens…
Comme tous les films proposés dans cette rétrospective, trois séances vous seront proposées cette semaine pour découvrir ou redécouvrir le film : le jeudi à 20h30, le dimanche à 17h et enfin le lundi à 14h30. Et pour n’avoir aucune excuse pour ne pas manquer ce beau moment de septième art nous vous proposons un tarif unique pour tous à 3€.
The big Lebowski
Difficile de faire ressortir un film en particulier dans la filmographie des frères Cohen tant celle ci est riche, variée et pourtant inimitable. Un nombre incroyable de films cultes jalonnent déjà celle-ci bien qu’elle soit toujours en expansion pour le plus grand bonheur des cinéphiles.
En 1998, à sa sortie, rien ne prédestinait pourtant « The big Lebowski » à un tel destin comme vous l’apprendra merveilleusement cet article du Monde daté du 07/05/2015 :
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« Ils n’ont ni notre bénédiction ni notre malédiction. » Placée en exergue de Je suis Lebowski, tu es Lebowski (éditions Séguier), un livre de fans, cette citation de Joel et Ethan Coen synthétise leur ambivalence à l’égard du culte suscité par The Big Lebowski, rediffusé en salles à l’occasion de leur présidence cannoise. Souvent galvaudé par la pop culture, le mot « culte » peut s’entendre ici dans son sens premier puisque le personnage de loser magnifique incarné à l’écran par Jeff Bridges, surnommé « The Dude » (le mec), a été canonisé en 2005 par le « dudeism », une religion potache mariant le Non-Agir (précepte tiré du taoïsme), déambulations en peignoir, et dégustation de cocktails (White Russians, of course). Délivrant ses ordinations à ses ouailles sur canapé par simple retour de mail, le dudeism (dudeism.com) revendique 220 000 prêtres en ce bas monde.
Sorti en 1998, The Big Lebowski met en scène, sur une trame empruntée au Grand Sommeil de Raymond Chandler, les aventures picaresques du Dude, un personnage d’apparence minable sorti de sa routine (joint-cocktail-bowling) par un acte sacrilège : un malfrat, le confondant avec un homonyme, s’est permis d’uriner sur son tapis persan, celui « qui harmonisait la pièce ». Au box-office américain, cet antihéros en peignoir et tongs réussira modestement à s’installer à la sixième position dans le sillage du Titanic de James Cameron qui écrase alors la concurrence.
Un succès mitigé aux yeux du public comme de la critique. Même Jeff Bridges avoue sa relative déception en préface de Je suis un Lebowski, tu es un Lebowski. « On me demande souvent si je suis surpris par le retentissement qu’a eu The Big Lebowski ces dernières années. En général, on s’attend à ce que je réponde “oui”, mais ma réponse est toujours “non”. Ce qui me surprend, c’est qu’il n’ait pas aussi bien marché que ce à quoi je m’étais attendu. Il était extrêmement drôle et les frères Coen venaient de remporter l’Oscar pour Fargo. Je pensais que les gens allaient adorer. Pour vous dire la vérité, j’ai été un peu déçu. »
Des grand-messes dans plusieurs villes américaines
Mais le Dude, grand fumeur d’herbe, avait incontestablement semé dans les esprits une graine qui allait porter ses fruits. Le film en offre d’ailleurs une métaphore : au lendemain d’une nuit d’amour, Julianne Moore annonce froidement à Jeff Bridges qu’elle vient de l’utiliser comme géniteur tout en lui déniant le rôle de père. Ainsi soit-il : Lebowski aura une descendance malgré lui.
De fait, The Big Lebowski connaîtra une excellente carrière en location et en DVD. On avance le chiffre de 20 millions de copies écoulées. Dans un article paru en juillet 2002 dans l’hebdomadaire américain Metro, le journaliste Steve Palopoli décerne au film le titre de « dernier film culte du XXe siècle ou de premier film culte du XXIe siècle ». Il révèle alors qu’une petite communauté d’adeptes se réunit pour citer les dialogues ciselés du film, jouer parfois au bowling et surtout boire des White Russians.
Ne restait plus qu’à instituer une grand-messe pour cette religion naissante. En octobre 2002, se tient le premier Lebowski Fest à Louisville (Kentucky). Depuis, ces événements ont essaimé à New York, Las Vegas, Los Angeles. La France n’a pas encore eu la chance de voir une congrégation de barbus en robe de chambre se réunir pour faire étalage de leur « coolitude » à toute épreuve. Mais elle ne reste pas insensible au phénomène. « Le film est sorti quand j’étais étudiant et c’est rapidement devenu une référence pour moi et mes amis, confie Matthieu Crédou, heureux trentenaire copropriétaire du bar Le Dude, dans le dixième arrondissement parisien, établissement entièrement voué au personnage des frères Coen. Les études supérieures correspondent à un moment de la vie où on ressent une grande pression par rapport aux choix que l’on fait. Dans ce sens, les personnages du Big Lebowski sont rassurants. Ils ont des emmerdes, mais la vie continue. Ils sont heureux ensemble et en marge. »
Cette ode à la non-performance serait le principal ressort de cette interminable « lebowskimania » selon l’écrivain Olivier Maulin, auteur de la postface de Je suis un Lebowski, tu es un Lebowski : « On est bien au-delà d’une simple farce. Dans un monde rationalisé et tourné vers la rentabilité, le Dude propose une forme de rébellion salvatrice. C’est un film post-idéologique : le Dude fait la révolution tout seul dans son coin. Mais il peut, si on l’imite, ébranler le système. » A l’écouter, le premier des Lebowski serait l’égal de l’auteur dandy Albert Cossery, qui écrivait pour que ses lecteurs n’aillent pas travailler le lendemain. »
Par Julien Guintard
Comme tous les films proposés dans cette rétrospective, trois séances vous seront proposées cette semaine pour découvrir ou redécouvrir The big Lebowski : le jeudi à 20h30, le dimanche à 17h et enfin le lundi à 14h30. Et pour n’avoir aucune excuse pour ne pas manquer ce beau moment de septième art nous vous proposons un tarif unique pour tous à 3€.